De Rishikesh à Varanasi (Bénarès)

Les rencontres vous emmènent parfois dans des endroits que vous ne soupçonniez pas. Pour ma part se fût Rishikesh et Bajhoi. Le premier pour m'initier au Yoga, le second pour une expérience de Woofing (travail bénévole dans une ferme bio, logé nourri, blanchis). Un grand merci donc à Renate et à Maxime qui m'ont conduis sur ces routes. 
Rishikesh, pour les plus vieux d'entre mes lecteurs, ou pour les inconditionnels de Beatles, ce nom évoque sûrement quelque-chose... Pour les autres la réponse est par .

Rishikesh se situe au bord du Gange, tout comme Haridwar, cette ville par laquelle on passe avant d'arriver à Rishikesh et qui offre l'opportunité de voir de magnifiques pujas sur les rives du fleuve le plus sacré du monde à la tombée de la nuit.

Haridwar
Première cérémonie religieuse, c'est un voyage à part entière, les torches virevoltent, chants et musique résonnent aux rythmes des tintements de cloches. Ça pétille de couleurs. On sent la foi monter du fleuve et de la foule. De part et d'autre du fleuve les questeurs officiels reçoivent dons aux divinités contre reçus en bonne et due forme, de la part des centaines de pèlerins assis sur les ghats (marches). Cela se passe à la tombée de la nuit et les pèlerins viennent parfois de très loin  pour faire leur offrande. Acheter au multiples marchands, ils déposent ces petites corbeilles de feuilles de bananier, débordantes de fleurs et accueillant une petite bougie. Sous la houlette d'un prêtre (qui ne manquera pas de se faire rétribuer à la fin) le pèlerin exécute les nombreuses prières avant de déposer sa fleur, frêle esquif, ballottée par les flots, disparaissant dans le terrible courant du fleuve. Souvent hésitant et toujours chargés d'émotion les pèlerins repartent le sourire aux lèvres, conscient d'avoir exercé un acte important. Pendant ce temps la fête collective continue, bénissant des milliers de participants.








Tout au long du fleuve l'activité humaine et économique est exclusivement tournée vers le sacré. Objets en tout genre, encens, eau du Gange en fiole, poudre rituel, fleurs, colliers, statuts de divinité... tout et même plus encore se vend pour honorer les dieux!







Le temple de la colline offre lui moins de grandiose, mais l'occasion d'un beau point de vue (toujours dans la brume pour moi quand il s'agit de truc touristique à voir!).


Petit temple improviser comme on peut en voir  beaucoup



Décidément les indiens adorent les photos, eux me  l'on réclamée!





Cette ville ne sera qu'une étape pour moi vers la capitale mondiale du yoga, que je m’apprête à rejoindre, dans l'espoir d'un apprentissage.

Rishikesh
Appareil photo et bâton de voyageur posés, après hésitations, je choisi comme domicile le Ved Nikatan Ashram (tout au sud de la rive gauche). Ce lieu paisible, offre à ses pensionnaires un magnifique jardin et une cantine rustique mais faite avec plein d'amour par un cuisinier haut en couleur. Ce n'est pas à proprement parler un Ashram au sens strict du terme, pas de chants religieux, pas d'obligation de manger ensemble (les repas sont même en plus de la chambre), et surtout pas de Maître Yogi, le vénéré étant mort quelques années auparavant à plus de 100ans (ça conserve le yoga). Cependant matin et soir deux cours de yoga sont assurés par de jeunes professeurs.



Les ghats devant l'ashram offre une vue sur le Gange assez agréable...


Si le cours du soir fût instructif - bien que comme beaucoup de cours à Rishikesh, quasi exclusivement  porté vers la partie "gym" du yoga - le cours du matin fût lui décevant. Avec ma camarade Eliana (thérapeute ayurvédic italienne) nous avons donc écumé chaque matin différent cours de yoga, avant de trouver notre petit swami à lunette! Un peu de philosophie du yoga, de méditation et parfois de mystique venaient compléter les séances, le tout dans une ambiance indescriptible, drôle et agréable, au bord du fleuve ce qui ne gâche rien! (les cours à l'ashram sont en salle).








Notre petit Swami, qui ça ne se voit pas rigolait tout le temps!






Cette ville m'a donné l'occasion de mon premier mariage indien. Juste devant l'Ashram, nous étions bien sûr conviés.
Et la je dis Waouh!!!!!!!!!!
Sound système, lumière, musique, télé, vidéo, buffet digne de Pantagruel,... Tout y est pour qu'un riche commerçant en bijoux de Rishikesh puisse impressionner les quelques 1000 indiens qui viendront ce soir là.
Car l'idée est bien là, impressionner et faire dans le "fat"!
L'arrivée se fait en fanfare et calèche, la mariée est couverte de bijoux et le podium des mariés est robotisé. Il tourne, s'illumine, lance des confettis, tandis qu'ignares de la céremonie les mariés se laissent guider par les photographes, posant pour chaque scène. Pas d'alcool, mais que de nourriture...
Et ça danse! Enfin, les hommes se trémoussent frénétiquement, dans des déhanchements erratiques dus à l’absence de femmes sur la piste. La frénésie s'empare des danseurs, semblant ivres et hilares, tous fières de vous montrer leur pas, tandis que leur cris est couvert par une mauvaise imitation de musique boum-boum occidentale, quel dommage que la fanfare soit mise sur la touche, ou plutôt au buffet! Mais on ne peut pas regretter qu'un peuple profite du modernisme son prétexte que le passé c'était plus authentique... La nostalgie du touriste est à proscrire, l'Inde bouge avance, et l'odeur des épices et des maharajas est déjà une image d'Epinale. 














Ces deux semaines m'ont permises, le yoga, que je mettrais peut être à profit par la suite... Calme, apaisement, recherche de soi et équilibre, un programme alléchant!




Jim Corbet Tiger
Non loin de Rishikesh, se trouvait cette fameuse réserve. Tu te dis si là je ne vois pas te tigre! Et on peut même le faire à dos d'éléphant. Mais rentrer dans cette reserve et dormir au millieu pour une personne seule n'est pas une mince affaire (enfoin si, si on est à l'aise dans son portefeuille!), bref mieux vaut partager les frais. Une fois la désillusion de la nuit au milieu de la reserve passée, et avec l'abandon de la ballade à dos d'éléphants, je m'attaque à trouver des compagnons de safari en jeep pour l'après-midi.L'administration indienne ne pouvant mélanger indiens et touristes dans une même jeep (les prix n'étant pas les mêmes pour les indiens et les "foreigners") heureusement qu'un occidental passait par là! Je partagerais donc ma jeep  avec un anglo-japonais en voyage d'affaire. 
Une fois permis et jeep réglés (un prix exhorbitant pour l'Inde), nous voilà partis sur les traces du tigre, tintintin! Je vous invite à partager maintenant cette épisode.





Jusque là c'est une belle forêt, un beau parc, mais où est le tigre?
Ce n'est pas l'arrêt au poste d'observation qui nous offrira cette chance, puisque les indiens présents sautent dessus pour en tester la solidité en riant le plus fort possible, l'important aux yeux de cette classe aisée étant plus de faire le safari que de voir des animaux...






Ahah! Après, avoir vu quelques animaux courant : biches, singes, sorte de gros cerf sans bois, coqs et oiseaux, voici la première trace du félin : des crottes, pas très fraîches malheureusement, elles datent de la vielle. Et pendant ce temps le cardant avant gauche de la jeep fait un bruit de plus en plus inquiétant.




Nous continuons et voici que maintenant des traces fraîches de pattes de tigre le long d'un cours d'eau au coeur d'un petit sous bois. L'excitation est à son comble. Et le cardant est mort! Obligeant notre chauffeur à reprendre en plusieurs fois et au ralenti les virages à droite trop serrés, le tout dans un bruit très propice à pister un félin...!




Toujours pas de félin en vu et le retour se profile à grand pas, la désillusion nous berce et ce n'est pas l'éléphant vu en captivité aujourd'hui qui nous réconforte.




Pas de félin. C'est un peu plus tard au zoo de Darjeeling que j'en verrais en captivité, triste mais impressionnant tout de même.






Ferme de Radehbaba
La ferme choisi porte un nom d'ashram, mais n'en a que le nom. Des tas de projets traînent dans la tête de son propriétaire le fabuleux Radehbaba. Cet ancien sadhu est un personnage hors norme, salué dans la rue par les gens, considéré comme un mystique à qui l'on baise les pieds et offre un thé et un chillom tous les 100m!! Le chillom qu'il affectionne fumer dans ça hutte en terre au fond du jardin. Sa nièce Savita est une vrai fée du logis, les vaches, la nourriture, le thé elle s'occupe de tout et va même à l'école l'aprem, chapeau.
Me voici donc arrivée dans une ferme bien étrange.








Ce n'était pas la grande saison pour les activités fermières et Radeh n'étant pas très fort pour vous dire quoi faire, ni même ce qu'il va se passer dans la journée, les activités ont été shanti shanti!
Canne à sucre à couper, vaches à nourrir, bouses à ramasser et à modeler et surtout tas de fumier à retourner (avec un outils trop petit pour soi ce n''est pas une mince affaire). On n'a quand même pas chômer et mes douces mains de citadin, sont partis en quenouilles!








Cette étape partager avec un italien et une américaine a aussi été l'occasion de visiter un marché de campagne. Les étales d'épices et de légumes dessinent au sol un patchwork coloré, ça regarde, ça pèse, ça mange des encas et des sucreries, ça vend des boeufs et ça fait même des combats de coqs! Un bien beau marché.








Cette étape n'aurait pas fait de moi un grand fermier, mais m'aura initier aux joies de la ferme et surtout m'aurait fait partager le quotidien d'une famille pendant une semaine. Et c'était ça le plus important, rentrer dans cette vie de famille et aussi dans celle du village, avec ces rythes, ces fêtes religieuses, ces temps de repas... De beaux moments et de belles rencontres. 

A ce moment c'est encore l'indécision, Elsa est censée me rejoindre à Varanasi pour continuer en Inde avec moi. Mais finalement quand je mets le cap sur la ville sacrée c'est dans l’objectif de rejoindre Elsa au Népal, à Kathmandu, les plans changent et cela se fait sans soucis!

Varanasi (Bénarès)







Cette ville est mythique, on peut y approcher la mort de si près. mais ici la mort n'ai pas la même, c'est une renaissance vers une nouvelle vie. Le cycle des vie passées et futures jusqu'à la libération qui permettra d'atteindre le grand tout, de se dissoudre dans dieu qui nous entoure et est partout, voilà qui change tout entre l'orient et l'occident. Nous n'avons qu'une vie, la leur n'est qu'un passage vers la suivante, le rapport au temps s'en trouve alors bouleversé, plus besoin de se presser, de rentabiliser son temps. Et votre vie n'est pas juste ou injuste, elle est comme cela, c'est votre karma, ce que vous avez fait dans vos vie précédente le détermine. Plus de combat, de sentiment d'injustice, la vie est comme elle doit être, ce qui peut apparaître comme une forme de résignation à un occidental comme moi... 
Les rapports aux temps, à la valeur de la vie et donc à la mort en sont donc différents, difficiles à appréhender dans un premier temps.

A Varanasi, se déroule le soir comme à Haridwar et comme dans toutes les villes le long du Gange de sublimes Puja, auxquels des centaines de personne, pèlerins ou simples curieux, viennent assister.













Le long du Gange tout est possible et en quelques mètres les scènes les plus hétéroclites peuvent s'offrir à vous. Les vaches broutent les restes de la fête de la veille, on rase, on lave, on répare, on vend de tout et de rien, et surtout, surtout on joue au cricket !!! Sans oublier les crémations, qui du matin au soir, voit passer les corps de toutes les castes, dans un bazar organisé comme seul l'Inde en a le secret.























Une ballade en barque au petit matin sur le Gange, voilà une belle activité touristique pour voir le levé de soleil éclairer les ghats. Pour moi comme d'habitude, ce sera brouillard! Alors tout surgi au dernier moment,  les barques de pèlerins ou de japonais, les barques des vendeurs ambulant (de la brosse à cheveux à la cassette de cérémonie que vous pouvez regarder sur une télé embarquée!), les baigneurs matinaux, les lavandiers,... L'impression de se mouvoir dans quelque chose de magique, dans une atmosphère étrange ou les choses apparaissent et disparaissent, comme si elle n'existaient pas vraiment...













En partance pour Katmandhu, je laisse l'Inde derrière moi, sans la moindre idée de quand je reviendrai. Sans hâte ni regret je m'engage alors vers les 24h de voyage qui me mèneront de Varanasi à Katmandhu, une route que tant de voyageurs ont empruntés. Je m'en vais retrouver une amie, mais aussi toucher les plus hautes montagnes du monde et découvrir un autre peuple, me laissant guider par la route.

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